Ici Londres #2

Le Royaume-Uni fait rêver nombre de nos politiques. Extraits :
Alain Lambert : "La France et la Grande Bretagne sont deux pays qui ont une population comparable : environ 60 millions d’habitants. Une grande différence cependant : le taux d’emploi est de 72 % en GB contre 63% seulement en France. Le taux de chômage est double en France (9,8% contre 5%), double également pour la longue durée (42 % contre 21%), et presque double pour les jeunes (22% contre 12%). Il y a donc en Grande Bretagne 4 millions d’emplois de plus qu’en France (28,8 millions contre 24,7). Imaginons 4 millions d’emplois de plus en France ! le chômage serait résorbé ! Il ne s’agit de porter un jugement de valeur, simplement de savoir comment cela se passe autour de nous." (source ici)
L’Express du 6 avril 2006 : "Les statistiques sont cruelles: 4,7% de chômeurs parmi la population active en Grande-Bretagne, 9,6% en France. Et, en prime, outre-Manche, plus de seniors et de jeunes au travail, une croissance plus dynamique, une richesse par habitant supérieure. La France devrait-elle s’inspirer de l’exemple britannique?" (source ici)
Ségolène Royal si "tout n’est pas positif (…), le Premier ministre britannique a une vision mobilisatrice de son pays". Et "je ne vois pas au nom de quelle langue de bois je devrais m’interdire de regarder certaines choses qui marchent outre-Manche, en Espagne ou dans le nord de l’Europe" (source ici)
Etc…
Je crois cependant que la palme revient à François Fillon :  "Cette renaissance britannique n’est pas le fruit du hasard. Elle n’a rien à voir avec les cycles économiques. Elle doit tout à la volonté de Margaret Thatcher qui a su dynamiter les verrous qui barraient la route de l’avenir et à Tony Blair qui a eu l’intelligence de ne pas changer de route, au moins sur le plan économique, au moment où les résultats consacraient une politique que des ignorants ou des imbéciles, continuent, en France à qualifier d’inhumaine et d’antisociale quand elle a permis de tendre vers le plein emploi." (source ici)
Je trouve que François Fillon prend une pente un peu gauchisante quand il loue les mérites de Tony Blair, qui, de mon point de vue, a fait beaucoup moins pour son pays que Margaret Tatcher. Preuve en image (source : article très sérieux d’Eco & Stat) :


Premier enseignement : contrairement à ce qu’affirme Monsieur Fillon, Tony Blair fait beaucoup moins bien que Margaret Tatcher.
Deuxième enseignement : certains se demandent si les politiques ont encore des marges de manoeuvre et peuvent encore peser sur l’évolution du système économique (cf. l’article de Ceteris Paribus qui compare les performances des gouvernements Jospin et Raffarin). Margaret Tatcher a démontré que oui : il suffit pour cela de faire des vraies réformes, d’adopter une stratégie de rupture, et, en quelques mois, tout devient possible…

10 commentaires sur “Ici Londres #2

  1. MORT DE RIRE!
    vous auriez du préciser le second degré quand même….je risque de griller la possibilité de lire des réactions emportées….Désolé!
    dites moi, ne serait-ce pas cela que l’on appelle la pensée unique!
    sur le fond, cela démontre bien que le tx de chomage, cela ne veut VRAIMENT rien dire s’il est présenté seul pour étayer une démonstration! ce n’est qu’un élément parmi d’autres pour permettre d’apprécier le niveau de bien être ou de pauvreté, c’est selon, d’un pays!
    c’est la même chose pour ce graphique, néanmoins très interessant et clouant le bec habituels poncifs répétés par les perroquets cités dans votre article!
    le même graphique pour la france serait interessant non?
     merci.
    PS: très bon et interessant lien sur ceteris paribus.

  2. Ceci mériterait un commentaire sur les différentes façons de définir la pauvreté. Il me semble que le graphique présenté ici ne nous apprend rien sur l’évolution réelle de la situation des 10% de la population disposant du revenu le plus faible. Pendant les années Thatcher, on voit que leur situation relative s’est dégradée par rapport à la situation moyenne, et ce d’une façon impressionnante. Mais en valeur absolue leur niveau de vie s’est-il dégradé, a-t-il stagné ou progressé? et ce plus vite, ou moins vite, que dans les années travaillistes? Cela le graphique ne permet pas de le savoir.Or ce qui compte finalement c’est bien l’amélioration en valeur absolue du niveau de vie de chacun. Pour un pauvre, savoir que les riches ne s’enrichissent pas est une bien maigre consolation. L’enrichissement des riches implique que les inégalités peuvent s’accroître temporairement, et engendrer à court terme des souffrances qui ne sont supportables qu’à condition d’être résorbées plus tard. On peut visualiser cela avec l’image d’une chenille, qui avance d’abord sa tête pour tirer ensuite sa queue, ce qui lui permet d’avancer dans son ensemble.On lit et on entend beaucoup d’idées reçues sur l’accroissement des inégalités, de la pauvreté et de la précarité dans les pays anglo-saxons. Qu’en est-il vraiment? OBO : un post sur ce thème peut-être?Merci pour vos articles.

  3. D’accord sur votre remarque, mais on voit sur le graphique l’explosion des inégalités. Sur le fond, l’article d’Eco et Stat montre qu’il y a un problème de pauvreté, quelque soit la définition : Extrait du résumé : La pauvreté, après plus de deux décennies de hausse presque ininterrompue, se maintient à un niveau élevé et concerne 20 % à 25 % de la population, quelle que soit la façon dont on la définit, en termes strictement monétaires ou plus largement de conditions de vie matérielles difficiles ou encore de pauvreté subjective. Franchement, beaucoup d’éléments convergents montrent que le royaume uni est plus exposé que la moyenne des pays développés à la pauvreté. Je ne dis pas que la situation française, avec beaucoup de chômeurs (mais aussi de pauvres!) est meilleur, mais je veux juste attirer l’attention sur le fait que le RU n’est pas l’eldorado que certains nous décrivent… Par rapport à votre remarque : "ce qui compte finalement c’est bien l’amélioration en valeur absolue du niveau de vie de chacun". En fait, ca peut faire débat. S’agissant des travaux sur la convergence des pays, certains disent qu’ils faut une convergence des niveaux de vie, d’autre seulement une convergence des taux de croissance. Mais peut-on croire que les pays en développement  peuvent se satisfaire du même taux de croissance que les pays les plus riches? Un élément qui peut faire pencher pour une convergence des niveaux de vie tient au fait que la diffusion de l’information fait que les gens ont des préférences proches en termes de comportements de consommation, il conviendrait donc qu’ils aient des niveaux de vie qui se rapprochent.

  4. Concernant la France… si je peux ajouter un peu d’eau au moulin :http://www.inegalites.fr/article.php3?id_article=270Qu'il s’agisse du seuil à 50% ou 60% du revenu médian, il n’a fait que baisser ces trente dernières années… néanmoins, le nombre de ménages et la proportion de la population soumis à la pauvreté restent très importants…Le référentiel "revenu médian" est également contestable… il faut voir à côté le niveau de vie de ceux atteignant déjà ce revenu.Par exemple, combien existent-ils de salariés étant SDF ? Ou cumulant les dettes ?" Les revenus déclarés à l’administration fiscale comprennent les revenus d’activité indépendante ou salariée, les retraites et pensions, les indemnités de chômage, les revenus du patrimoine (sauf ceux qui sont exonérés d’impôts ou soumis au prélèvement libératoire, qui sont mal, voire pas du tout, appréhendés dans les déclarations fiscales)."(Définition de l’INSEE)Que se passerait-il si l’Etat se désengageait de plus en plus au niveau social ? Que ça soit au niveau de la santé ou des pensions…?En fouillant un peu dans les statistiques de l’INSEE, on découvre également qu’en 2003, il y avait plus d’ouvriers vivant sous le seuil de pauvreté à 50% que "d’autres inactifs".Flippant. :o(Quant au seuil en France… (en 2003, hein !) en prenant en compte le fait que :- le revenu médian par mois est de 2019€ environ,- que le seuil à 60% est donc de 1212€…Cela fait donc 12% de la population qui vit avec moins de 1212€ par mois. Et 6,3% de la pop’ vivant avec moins de 1000€ par mois, environ.Cela peut sembler très très faible par rapport à nos voisins d’outre-Manche, mais bon…En tout cas leur exemple présente une voie à ne pas suivre. Que nos média ou Ségolène regardent à l’ouest, le regard brillant, honnêtement cela me fout la trouille… :o(AJC

  5. L’indice que vous présentez mesure les inégalités.
    Effectivement M. Tatcher a notablement augmenté les inégalités, et T. Blair n’a pas modifié notablement la tendance dont il a hérité. Cela semble satisfaire nos amis anglais puisque Blair a été réélu sur son bilan économique. Chez nous, les français ne semblent pas satisfaits, puisque le sortant est systématiquement battu à chaque nouvelle élection.
    Fillon explique qu’il y a 20 ans l’angleterre était derrière la France en terme de PIB. Aujourd’hui c’est l’inverse. Ceci explique peut être la relative satisfaction de nos amis anglais. Voila pourquoi sans doute "Le Royaume-Uni fait rêver nombre de nos politiques".
     

  6. Le R.U. fait rêver nos politiques… tout simplement parce que la population est capable de se contenter de bilans tels que ceux-ci, en se basant seulement sur l’augmentation du PIB ? :oDHonnêtement, je n’ai été fier d’être Français que très peu de fois dans ma vie. Lors des manifestations anti-CPE, anti-dynamique libérale, etc. je l’étais.Si mes compatriotes étaient capables de suivre un politique parce qu’il a pu augmenter les richesses nationales au détriment du niveau de vie des citoyens ou de leur bien-être, honnêtement, je crois que j’aurai plus envie de m’exiler qu’autre chose. (Quoique… pour aller où ?!)AJC

  7. C’est dommage qu’on ne puisse pas plaquer à cette première courbe, d’autres courbes :
    – évolution du taux de participation aux elections
    – évolution de l’immigration
    – évolution du taux d’interêt
    Ca permettrait sûrement de mieux comprendre l’action de Tony blair

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