Prévisions de croissance : compléments

Ceteris Paribus vient de poster un billet tout à fait intéressant sur les prévisions de
croissance, en réponse à mon propre billet sur “les prévisions de croissance du gouvernement sont-elles crédibles?“. Il montre à
juste titre que  les écarts observés s’expliquent plus par la difficulté de l’exercice que par une sorte d’opportunisme des gouvernants, avec un bémol quand même pour 2006 (la prévision du
gouvernement est significativement supérieure à celle des experts) et dans une moindre mesure pour 2005 (la prévision du gouvernement était aussi supérieure, mais dans une moindre mesure, à celle
des experts, les experts s’étant significativement trompés avec des prévisions trop optimistes). Voir aussi sur ce sujet  le dossier dans Enjeux – Les Echos de janvier 2006 : “pourquoi les
économistes se trompent (presque) toujours?”.

Pour compléter l’analyse, je me suis amusé (!) à construire la courbe des taux de croissance du PIB pour  la période 1997-2005 (source des données : Insee) :



De 1997 à 2000, le taux de croissance est plutôt sur une pente croissante, les experts et le gouvernement ont tendance à sous-estimer la croissance. De 2000 à 2003, le taux de croissance diminue,
les experts sur-estiment la croissance. 2004, le taux remonte, experts et gouvernements sous-estiment ; 2005, processus inverse…
Comment expliquer cela? J’attends vos propositions!

9 commentaires sur “Prévisions de croissance : compléments

  1. Est ce que ce ne pourrait pas être imputable aux modèles par une sorte de sur pondération du passé ? Ainsi, lorsque j’inclus dans ma phase de calcul les croissances faibles passées , je tire ma prévision vers le bas et lorsque j’inclus les croissances fortes passées, je les tire vers le haut. Economètres, à vous !

  2. Rogoff avait publié un article dans les années 80, montrant qu’utiliser n’importe quel modèle pour prévoir l’évolution du cours des devises était moins performant que de supposer que cette évolution serait l’année prochaine comme elle a été l’année écoulée. A mon avis, ce genre de chose inspire les prévisionnistes, qui doivent fonder leurs prévisions sur la base de "croissance de l’année écoulée plus ou moins un écart".

  3. Dans le même sens que Djiheldé. Mansori cité sur Ceteris Paribus dit ceci:"In fact, the average error of the CBO and Blue Chip forecasts is about 0.97% (note that average GDP growth over the period is about 3.1%). On the other hand, a simple rule of thumb that guesses that next year’s GDP growth will be the same as this year’s GDP growth would have produced an average error of 0.94% over the same period – virtually identical."Cela signifie simplement que les économistes font des anticipations rationnelles (ainsi que les agents qu’ils interrogent). D’ou la difficulté de prévoir les retournements de tendance. Sur le graphique d’Emmanuel, on voit que dans la pluspart des cas, le sens de variation des hypothèses de croissance des économiste est du même signe que celui de la croissance avec un an de retard.

  4. Les politichiens et les économistes tentent de jouer sur les anticipations des agents, peut-être…Lorsqu’ils constatent une forte croissance, ils ont peur d’une possible surchauffe de l’économie, et tentent de ralentir l’activité du pays avec des prévisions à la baisse.Lorsqu’ils constatent une croissance faible, ils tentent de la booster à l’aide de prévisions optimistes.Ils tentent d’appuyer cela ensuite par des modèles économiques que seule une poignée de spécialistes peuvent réellement discuter…Une autre possibilité serait celle purement politique du calcul du budget de l’Etat : s’ils estiment "en privé" que la croissance sera forte et qu’ils estiment publiquement le contraire, tout en indexant leur budget sur l’estimation publique, ils se retrouveront avec un excédent plutôt flatteur.Ils pourront alors jouer à l’auto-félicitation et à la masturbation économique : "regardez comme on est fort !".AJC

  5. "on voit que dans la pluspart des cas, le sens de variation des hypothèses de croissance des économiste est du même signe que celui de la croissance avec un an de retard."Une solution serait d’isoler sensoriellemet des économistes pendant 6 mois, histoire de leur faire perdre la notion du temps.Puis de leur dire que l’on est en 2007, et leur demander la croissance pour 2008. On obtiendrait la croissance pour 2007.Amicalement,AJC

  6. Idem que econoclaste-alexandre un peu plus haut. Ils semblent fonder leurs prévisions sur l’année écoulée avec un (faible) écart positif ou négatif.
    A première vue, cet écart accentue la tendance des deux dernières années si elle se limite à deux ans (ils prévoient l’accentuation de la tendance).
    L’écart freine la tendance des dernières années si la tendance est de plus de 2 ans (ils prévoient le fléchissement de la tendance).
    Inutile de dire qu’après des années d’euphorie, ils ne prévoieront jamais une récession soudaine (ils vont prévoir un léger tassement de la courbe). Ou l’inverse.
    En fait, c’est un raisonnement qui se vaut (l’article cité par econoclaste-alexandre). Ce que je me demande, c’est pourquoi il faut des experts pour sortir des prévisions aussi prévisibles (imagine-t-on des météorologues Bac+5 pour nous dire qu’il fera à peu près le même temps demain qu’il a fait aujourd’hui?).

Répondre à Eric Lauriac Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *