Depuis plus de trente ans que je navigue dans les mers agitées de l’intelligence économique, j’entends dire au sujet de nos carences en termes de renseignement, de sécurité et d’influence que ce n’est pas dans notre culture. Cette remarque est un moyen de dire que rien ne peut changer et qu’il faut bien se faire une raison. Comme si la culture d’une nation était figée et ne pouvait évoluer, se remettre en question, se sublimer. Non bien sûr ! Et ces Jeux Olympiques et Paralympiques que nous accueillons le prouvent car on oublie un peu vite les batailles qu’il a fallu mener pour remporter leur organisation. Et la première d’entre elles fut contre nous-mêmes. En voici donc un petit rappel.
Dans l’ombre du rapport Martre 3/3 : le Général Jean Pichot-Duclos
Lors de la première émission télévisée consacrée à l’intelligence économique (« Où sont passés les espions ? »), un homme apparaît au premier rang derrière Christian Harbulot : le Général Jean Pichot-Duclos. Cet homme de l’ombre va jouer un rôle essentiel dans l’émergence de l’intelligence économique en France et, pour commémorer les 30 ans du rapport Martre, il m’est apparu essentiel de rappeler ici son apport et de donner un témoignage personnel sur cet homme de qualité avec lequel j’ai eu la chance de travailler pendant cinq ans.
Dans l’ombre du rapport Martre 2/3 : Édith Cresson
Les politiques intéressés par l’intelligence économiques sont rares et encore plus rares lorsque paraît le rapport Martre en février 1994. Pourtant, une femme politique de premier rang va jouer un rôle clé dans son émergence : Édith Cresson. C’est elle qui contactera Christian Harbulot suite à la parution de son étude « Techniques offensives et guerre économique » (1989), une étude qu’elle a lu dans le détail (fait assez rare pour le souligner) et qui aboutira à la transformation de l’ADITECH en ADIT avec le succès que l’on sait. Jean-Louis Levet, acteur important de l’intelligence économique en France sera son chargé de mission aux questions industrielles à Matignon avant de rejoindre le Commissariat Général du Plan, institution qui lancera le groupe de travail du rapport Martre.
Élue de la Vienne (tout comme Jean-Pierre Raffarin qui commanditera dix ans plus tard un rapport sur l’IE au Député Bernard Carayon), j’ai eu la chance de la rencontrer à Poitiers à plusieurs reprises et de m’entretenir avec elle de ces questions.Voici le compte-rendu d’un de nos échanges qui permet de mieux cerner son implication et sa philosophie d’action.
Dans l’ombre du rapport Martre 1/3 : Robert Guillaumot
Si le rapport Martre a pu voir le jour, c’est aussi grâce à des acteurs qui ont soutenu la démarche sans être toujours dans la lumière des projecteurs. Pour les 30 ans du rapport fondateur de l’intelligence économique en France, commençons cet hommage par Robert Guillaumot que j’avais appelé dans l’article paru dans Veille magazine en 2008, le démiurge de l’IE. Voici son portrait (en vidéo en cliquant sur l’image ou en version développée ci-après).
Il y a 30 ans : le rapport Martre
Pour les 30 ans du Rapport Martre fondateur de l’intelligence économique en France, voici un collector retrouvé au grenier au fond d’une caisse. Une présentation de 4 pages réalisée à l’époque par Philippe Clerc et qui résume bien la philosophie du rapport.Nous sommes bien avant l’Internet et les réseaux sociaux (la préhistoire diraient mes étudiants !) et ce type de support est essentiel pour communiquer et vendre un document qui va effectivement partir comme des petits pains. Mais jugez plutôt.
Où sont passés les espions ?
Février 1994. 30 ans déjà que paraissait le rapport Martre, fondateur de l’IE « à la française ». Une année durant, le Commissariat Général du Plan avait fait travailler ensemble des cadres supérieurs du privé, des haut-fonctionnaires, des professionnels du renseignement, des universitaires. Christian Harbulot, conseiller spécial du Président Henri Martre avait joué un rôle central avec à ses côtés Jean-Louis Levet, Philippe Baumard ou Philippe Clerc. Si l’expression « intelligence économique » fut préférée à celle de « renseignement concurrentiel », il n’en reste pas moins que c’est bien la culture du renseignement qui est mise en avant. Et France 3 qui consacrera une émission de La Marche du Siècle à ce rapport ne s’y trompera pas lorsqu’elle lui donne le titre accrocheur « Où sont passés les espions ? ».
Le Sénat lance une mission d’information sur l’intelligence économique
Lors de la réunion du bureau de la commission des affaires économiques du Sénat du 18 janvier 2023, une mission d’information sur l’intelligence économique a été créée à la demande de Mme Marie-Noëlle Lienemann, qui la présidera. M. Jean-Baptiste Lemoyne en sera le co-rapporteur. Cette initiative fait suite à la proposition de loi qu’Arnaud de Morgny présentait aux professionnels du domaine lors du dernier forum IES à Saclay.
Les nouveaux enjeux du renseignement
Dans le cadre d’une chaîne YouTube que je viens de lancer sur les pépites que l’on peut trouver dans les livres ou autres médias, j’ai souhaité présenter un article de Paul Charon et Fabien Laurençon (chercheurs à l’IRSEM) sur les nouveaux enjeux du renseignement tant ceux-ci touchent aussi bien les professionnels du domaine que les citoyens.
Le triangle de l’influence radicale
Désormais, ce n’est pas nécessairement le plus puissant qui l’emporte, mais bien le plus intelligent, l’intelligence devant alors être comprise comme la capacité à décrypter le dessous des cartes pour mieux surprendre l’adversaire puis garder l’initiative afin d’épuiser l’autre camp. De ce point de vue, la victoire des opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes – un peu vite oubliée alors qu’elle constitue un tournant de la présidence Macron – est un modèle du genre dans la continuité de la bataille du Larzac quarante ans plus tôt. Car au-delà des caricatures, cette victoire démontre combien l’agilité déployée par les zadistes a pu paralyser une pseudo-coalition arc-boutée sur l’usage de la force et du droit quand l’autre camp utilisait la ruse et les médias. La trame de fond de la guerre économique est celle de sociétés post-modernes où l’usage de la force est de moins en moins accepté avec un système composé de trois pôles : un pôle autocratique, un pôle médiatique et un pôle de radicalités.
Anticipation et renseignement
La crise du Covid-19 nous rappelle plus que jamais que la culture de l’anticipation n’est pas notre fort. Sommes-nous pour autant défaillants sur la question du renseignement ? Au risque de vous étonner, la réponse est selon moi non ! D’ailleurs, très rares sont les situations pour lesquelles la surprise stratégique a été liée à une absence de renseignement. Non. La défaillance vient le le plus souvent de notre difficulté à lier les deux, le et donc. Autrement dit, comment faire du renseignement un élément clé de l’anticipation ?