Une vie de voyages en Orient : Jean-Baptiste Tavernier, voyageur et négociant du XVIIᵉ siècle

Du 1er au 21 décembre 2016, le Livre ancien du mois est consacré aux Six voyages de Jean-Baptiste Tavernier en Turquie, en Perse, et aux Indes, récits de 40 ans de voyages d’un négociant de produits de grand luxe du XVIIe siècle

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Les six voyages en Turquie, en Perse, et aux Indes / Jean-Baptiste Tavernier. – Paris : Pierre Ribou, 1713 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, 81168-01)

« Venu au monde avec le désir de voyager »
Jean-Baptiste Tavernier (1605-1689) prit goût aux voyages très tôt, aux côtés d’un père graveur, imprimeur et marchand de cartes géographiques. Il commença à voyager très jeune et à 22 ans il avait déjà parcouru l’Europe. De 1631 à 1668, il effectua six voyages en Perse, en Turquie et en Inde, empruntant différents itinéraires qui le menèrent à Ispahan, Alep, Constantinople, Agra, Golconde, Goa, etc. Au cours de ses 40 années de voyages, Tavernier parcourut plus de 60 000 lieues, soit 240 000 km. Il fut à cette période le voyageur qui séjourna le plus longuement en Orient.
Au terme de son sixième voyage, Tavernier était devenu riche et célèbre. Anobli par Louis XIV en 1669, il aurait pu finir ses jours dans sa baronnie d’Aubonne ; au lieu de quoi il entreprit en 1689, âgé de 84 ans, de se rendre en Perse en passant par la Russie, voie nouvelle pour lui. Mais son ultime voyage prit fin à Moscou où il mourut la même année.

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Les six voyages en Turquie, en Perse, et aux Indes / Jean-Baptiste Tavernier. – Paris : Pierre Ribou, 1713 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, 81168-02)

Le récit des six voyages en Orient
Alors qu’en raison de son âge avancé il pensait en avoir terminé avec les voyages, Tavernier s’employa à rendre public le récit de ses aventures. Ainsi en 1676 parut la première édition des Six voyages en Turquie, en Perse, et aux Indes. Dans l’édition posthume présentée ici, aux Six voyages (tomes 1 à 4) s’ajoutent le Recueil de plusieurs relations et traitez singuliers et curieux (tome 5) et la Nouvelle relation de l’interieur du serrail du grand seigneur (tome 6).
Ces récits ne reposent pas tous sur ses propres observations ; Tavernier a également puisé dans les témoignages d’autres voyageurs, notamment pour sa « Relation du Japon », pays où il ne se rendit lui-même jamais, ou pour la relation sur le Tonkin qu’il devait à son frère Daniel.

Des récits de voyages marchands
Les Six voyages furent traduits dès la fin du XVIIe siècle et firent l’objet jusqu’à la fin du XVIIIe siècle de quatorze éditions. Ce succès est un exemple de l’engouement pour la littérature de voyage à cette époque. De 1660 jusque vers 1745, les récits de voyages se multiplièrent. Avec le développement, durant la seconde moitié du XVIIe siècle, des voyages commerciaux, encouragés par la politique commerciale active de Louis XIV (création par Colbert en 1664 de la Compagnie des Indes orientales et en 1670 de la Compagnie du Levant), le genre des récits de voyages marchands prit une place de plus en plus importante dans la littérature viatique.
Les récits de Tavernier sont bien ceux d’un négociant voyageur. Il y est question d’itinéraires, de systèmes monétaires, de recommandations pour franchir les douanes, pour « s’ajuster selon la mode des pays où on doit passer » afin de circuler sans encombre. Véritables guides pour le négoce en Orient, enrichis de nombreuses gravures, ils étaient aussi une source pour la connaissance des mœurs et coutumes des pays visités.

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Les six voyages en Turquie, en Perse, et aux Indes / Jean-Baptiste Tavernier. – Paris : Pierre Ribou, 1713 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, 81168-05)

L’homme qui donna son nom à un diamant
Tavernier faisait commerce de produits de grand luxe et était admis à ce titre dans les cours des plus éminents souverains, Grand Moghol et shah de Perse (dont il avait reçu un costume traditionnel). Marchand réputé, expert en pierres précieuses et joaillerie, doué de sens diplomatique et politique, il avait su se faire reconnaître comme interlocuteur auprès des puissants. Il fut le premier européen à se rendre dans les légendaires mines de diamants de Golconde en Inde. En 1668, il revint de son sixième voyage avec une formidable cargaison d’objets précieux, de bijoux, de perles et de diamants. Louis XIV lui acheta le tout pour la somme de 900 000 livres. Parmi les nombreux diamants rapportés, s’en trouvait un de taille et de couleur remarquables, le « Bleu de France », joyau de la Couronne de France, parfois également appelé le « Bleu de Tavernier ».

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Les six voyages en Turquie, en Perse, et aux Indes / Jean-Baptiste Tavernier. – Paris : Pierre Ribou, 1713 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, 81168-04)

 

Pour en savoir plus :

Voyageurs au Levant et dans la Grande Asie du XVIIe au XIXe siècle / publié par Michel Schlup. –  Neuchâtel‎ : Bibliothèque publique et universitaire, 2009

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